Méditation  

 Extraits du livre de François Cheng….. Le plus français des chinois…..

« Cinq méditations sur la beauté »

« En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologique, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur.  Presqu’un scandale.  Mais en raison de cela même, on voit qu’a l’opposé du mal, la beauté se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face.  Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente et permanente de dévisager  ces deux mystères qui constituent les extrémités de l’univers vivant: d’un côté le mal, de l’autre la beauté.  Ce qui est en jeu n’est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. »     François Cheng    

 …Pour nous en tenir à la seule nature il n’est pas difficile de dégager quelques-uns des éléments qui tissent le sentiment du beau que nous éprouvons tous :

•    La splendeur d’un ciel étoilé dans le bleu de la nuit

•    La magnificence de l’aurore ou du couchant partout dans le monde

•    La majesté d’un grand fleuve traversant les défilés rocheux et fécondant les plaines fertiles

•    La montagne haut dressée avec son sommet enneigé, ses pentes verdoyantes et ses vallées fleuries

•    Une oasis éclose au cœur d’un  désert

•    Un cyprès debout au milieu d’un champ

•    La superbe course des antilopes dans la savane

•    L’envol d’un troupeau d’oies sauvages au dessus d’un lac

Toutes ces scènes nous sont si connues qu’elles en deviennent presque des clichés.  Notre pouvoir d’étonnement et d’émerveillement en est émoussé, alors que chaque scène, chaque fois unique, devrait nous offrir l’occasion de voir l’univers comme le première fois, comme au matin du monde.

…Osons  une formule :

…La bonté est garante de la qualité de la beauté…  la beauté est la noblesse du bien, le plaisir du bien, la jouissance du bien, le rayonnement même du bien.

Force nous est  de reconnaître cependant que, par on ne sait quelle aberration, la bonté de nos jours n’est pas prisée…  Mal comprise, elle est quelque chose qui gêne par son aspect « bonasse » ou « fadasse ».  Habités que nous sommes par la souffrance, la frayeur, la grisaille de notre vie quotidienne et les désirs constamment dévoyés, nous préférons exalter, concernant la beauté, ce qu’il y a de plus dramatique.  Le pessimisme, voire le cynisme a alors le beau rôle, ils  flattent plus efficacement nos besoins de dérision et de révolte. Pourtant il faut avoir le courage de revenir à la bonté, la vraie…  La bonté qui nourrit la beauté ne saurait être identifiée à quelques sentiments plus ou moins naïfs.  Elle est l’exigence même, exigence de justice, de dignité, de générosité, de responsabilité, d’élévation.  La vie humaine étant semée d’épreuves…  la générosité exige des engagements de plus en plus profonds, du coup elle approfondit aussi sa propre nature et engendre des vertus variées telles que sympathie, empathie, solidarité, compassion…  toutes ces vertus impliquent un don de soi et le don de soi a le don de nous rappeler, encore une fois, que l’avènement de l’univers et de la vie est un immense don. Ce don qui tient sa promesse et qui ne trahit pas est en soi une éthique.  Lorsque chez quelqu’un ce don de soi va jusqu’au don de sa vie, cela en vue de maintenir intègre ou de sauver d’autres vies, ce don là rayonne d’une étrange beauté.  Il signifie un suprême sens de la justice et l’acte qu’il inspire traduit un courage plein de noblesse et de grandeur…. Cet idéal  est partagé par toutes les grandes religions…